Article rédigé par la pasteure Julia Darsot Rafenonirina pour le bulletin paroissial de l’Église protestante unie de France :  Bois Colombes en 2014.

 Séparé de 400kms du bas de l’Afrique par le Canal du Mozambique du côté Ouest et de l’Océan Indien du côté Est avec une superficie de 590 000km2. Jouissant d’un climat tropical, la frontière marine mesure 5000kms avec Antananarivo comme capitale situé au centre de l’île et ses 3millions d’habitants. L’origine des malgaches est toujours une énigme. Certains viennent de l’Asie du Sud et tandis que d’autres de l’Afrique. La langue parlée et écrite est le « malagasy » Les écoles protestantes ont tenu à le garder dans l’enseignement tout au long de leurs cursus. Sans négliger l’anglais, l’allemand, l’espagnol, le russe. Mais beaucoup sont encore illettrés et analphabètes. La population atteint 22 millions dont 60% de jeunes à peu près en 2014.

 Quelle est la faiblesse du pays ?

Après le soulèvement contre le gouvernement en 1972, la vie du pays a pris un autre tournant. La plupart des postes de cadres était tenue par les étrangers. A leur départ ce fut un vide qu’il fallait combler. Ce qui fut difficile par exemple en matière d’enseignement. Or il aurait fallu penser à combler ce vide dès l’Indépendance en 1960.

Les différentes successions de gouvernement n’ont pas été favorables à la vie quotidienne du peuple. La pauvreté s’est installée brutalement vers 1975. Pendant plusieurs années la pénurie des produits de premières nécessités comme le riz était impardonnable. Or Madagascar est un grand producteur de riz. Le problème de l’eau est inhumain pour les pauvres. Puis vient aussi l’exode rural dans les villes. Beaucoup après avoir épuisé leur épargne se sont rendu compte qu’il est impossible de retourner dans leur village. Des routes impraticables n’ont pas résolu le ravitaillement de toute la population. Les troubles dans le Sud ont beaucoup affaibli cette région. La négligence de l’urbanisation et les conditions d’hygiène amènent à des formations de bidonvilles. Comme les remblaiements abusifs des rizières pour des constructions d’usine en oubliant les cours d’eau existants. La faune et la flore sont d’une grande beauté et rare comme les orchidées avec plus de 1500 espèces. Toutes les exploitations minières, forestières érigent un abîme entre les pauvres et des riches minoritaires. Actuellement la pénurie alimentaire a presque disparu. Mais pas la pauvreté. Je n’ai pas de mots pour le dire. Sauf « violence ».

 Quelle est la force du pays ?

Vous vous demandez alors comment font-ils pour vivre ? Merci aux ONG car ils font tout ce qu’ils peuvent pour réaliser leur projet. Je citerai les jeunes dont l’ambition est d’enterrer cette misère. Ils ne perdent pas espoir malgré ce qu’ils endurent. Les échanges que l’on a eus avec eux montrent une détermination de s’en sortir. Parfois c’est comme un rêve disent-ils. Mais ne faut-il pas rêver pour dépasser les événements et apporter la vie ?

Cet été par exemple, le rassemblement des Éclaireurs et Éclaireuses de Madagascar à Ambatomanga pour fêter leur 90ème année a réuni près 15000 jeunes venant de toute l’île (Une 60taine venant de la France). De nombreuses Églises se forment dans le pays. Le mouvement de Réveil y tient une grande place. La population évangélique et pentecôtiste sont appelées : «  les Églises cadettes ». D’autres cataloguées comme sectes. Existent aussi des Anglicans. Les « Églises dites ainées »sont les réformées et les luthériens. De nombreux chrétiens soutiennent l’Évangélisation dans des lieux assez éloignés des villes, inaccessibles en voiture. Avec des moyens simples dont le financement est budgété un an à l’avance. Hormis leur formation théologique les étudiants à Ivato sont sensibilisés pour combattre la déforestation et sont encouragés à informer leur paroisse d’affectation. Cela a l’air d’être superflu mais ce n’est pas rien. J’étais époustouflée lorsque j’ai vu le changement de ce lieu après 14 ans d’absence et je me disais « Une vraie espérance ». Vous pouvez le visiter, il n’est pas loin de l’aéroport.

Voilà quelques exemples pour vous dire qu’en silence de grands efforts se font pour vivre et non pas pour survivre. Quoiqu’il se dise sur la position des Églises institutionnelles de différentes confessions, actuellement un travail énorme se fait sur le plan sociologique, économique, social et politique. Cela prendra du temps mais j’ai confiance. Le pays est vaste et tout ne se fait pas en un jour.

Croyants et non croyants ont le même souci pour l’avenir de Madagascar. Une femme me disait : ce qui se passe aujourd’hui m’a appris la patience et m’a fait comprendre ce qu’est « aimé et être aimé ».  

Alors loin de ce pays d’une grande hospitalité, nous pouvons être choqués pour un premier séjour. Mais la rencontre avec la population changera notre regard. Vivre l’espérance : un trésor immense au milieu de la détresse humaine.