L’année 2016 a marqué les 70 ans d’existence de la FPMA Montpellier -Première paroisse malagasy en France. Le samedi 18 et dimanche 19 septembre 2016  derniers furent la clôture de la célébration de cet anniversaire. À la soirée du samedi  une conférence présidée par le pasteur Jean Ravalitera, président de la FPMA et du pasteur Charles Rakotoarimanana, pasteur de la paroisse FPMA Montpellier. Ils ont rappelé l’histoire de la formation de cette paroisse. Montpellier : une des villes du Sud de la France a rassemblé des soldats malagasy appelés par la France pour la défendre. Ces soldats ont commencé par des réunions de prière  et sans distinction de confession pour les participants. Après le retour des soldats au pays, sont venus des étudiants en grand nombre dans les années 50-60. Sont venus aussi des pasteurs ayant déjà exercé et ont été  envoyés par les Eglises pour poursuivre des études de théologie. A  Montpellier se trouve une Faculté de théologie protestante. D’ailleurs le nom du Hall d’entrée de sa bibliothèque s’appelle  actuellement: David Jones.  A l’époque ces pasteurs ont séjourné seuls en France pour deux ou trois ans sans leur famille. Pour les malagasy de  Montpellier ce fut un privilège car la paroisse a bénéficié bénévolement de la présence de ces pasteurs dans l’accompagnement de la vie spirituelle et cultuelle.

Des étudiants boursiers  ont été présents dans le domaine de la pharmacie et de la médecine .De nombreux étudiants d’autres disciplines sont venus agrandir les rangs. Cependant, il faut savoir que la grande majorité des étudiants rentrent au pays  après la fin des études. C’est ainsi que le va et vient  des malagasy a été très important. C’est une succession incessante.  C’est ce que les membres des Eglises sœurs n’ont pas compris. Pourquoi créer une Eglise alors que l’Eglise réformée de France est déjà là à l’époque, bien implantée sur différents lieux à Maguelone, à Bruyès, à la Paillade et dernièrement à Jacou. Nous remercions l’ERF devenue EPUdF de nous avoir prêtés ces lieux de culte selon notre besoin.

Je voudrai citer un évènement que beaucoup ignore. André Camus ( et son épouse) , ancien Président des Œuvres sociales protestantes de Nancy m’a raconté que le groupe d’études bibliques a été en lien avec d’autres groupes de prière dans l’ERF lors de la guerre d’Algérie. Etudier la Bible, prier et jeûner pour ceux qui le peuvent. Je fus étonnée par son récit. Mais tout d’un coup je me suis souvenu de ce que Colette Preiss, l’épouse du professeur Théo Preiss de Strasbourg m’a  dit un jour : «  Nous étions tous  choqués par cette guerre et en souffrions beaucoup. Et voilà, un jeune pasteur étudiant en théologie

venu continuer ses études nous  avait invités à prier ensemble régulièrement pour l’Algérie. » Cela a commencé dans la Faculté de théologie de Montpellier. Cet homme n’est autre que le pasteur Daniel Ratefy, devenu Président de la Fédération protestante de Madagascar plus tard. Beaucoup l’ont suivi. Quand j’ai su cette histoire j’ai eu les larmes aux yeux. Colette Preiss a rajouté : «  Daniel nous a dit: nous avons le devoir de prier pour l’Algérie et pour les malagasy. Si nous prions pour Madagascar ici ou au loin, rien ne nous empêche de prier pour nos frères et sœurs algériens ».  Colette a été très fière de cette initiative et de Daniel Ratefy. « Jamais je ne pourrai oublier » me rappella-t-elle.

Cependant dans les années 1980 les étudiants non boursiers ont été confrontés brutalement par la chute des devises malagasy. Les parents ou les familles n’ont plus eu la force de financer leurs propres enfants. Il a fallu prendre une décision pour beaucoup. Rentrer au pays pour éviter aux parents de se sacrifier car le prix à payer fut très cher ou rester en France avec toutes les conséquences que cela peut apporter. Pour le deuxième choix, beaucoup n’ont pas été épargnés malheureusement.

Or la paroisse FPMA est restée toujours un lieu d’accueil favorable pour les étudiants et pour tous. Une solidarité bien concrète s’est créée. Mais la FPMA Montpellier  a connu des hauts et des bas dans sa vie d’Eglise. Composée d’être humain, chacun a son avis pour construire, organiser et fortifier l’Eglise. Cependant, des personnes se sont levées avec force  et foi pour que cette paroisse ne disparaisse pas. Le pasteur André Bost pasteur de l’ERF de Montpellier à l’époque en a été témoin de cette difficulté et me l’a raconté. Il avait admiré aussi le courage de ceux qui ont tenu à témoigner de l’Evangile et les ont épaulé tel que Roland Andriamalalamanana. N’oublions pas que les personnes ayant des statuts de travailleurs stables ont été minoritaires. Beaucoup d’étudiants se sont engagés dans la vie de la paroisse

Montpellier est toujours resté un carrefour pour les étudiants malagasy car les étudiants en théologie surtout ceux qui l’ont commencé à Madagascar continuent leurs études à Montpellier.

Il est toujours étonnant de constater que beaucoup de membres sont rentrés au pays. Mais ceux qui arrivent en France ne se sont pas éloignés de la vie de l’Eglise malgré des difficultés qui peuvent être passagères ou de longue durée.

Comme il a été dit lors de l’anniversaire du 70 ème : L’Eglise n’appartient pas aux humains. Dieu en est le maître. A lui seul la gloire !